Message du collectif « Ensemble, sauvons la forêt de Chantilly »

« Ensemble, sauvons la forêt de Chantilly » est un mouvement créé en 2020. Il rassemble un collectif de personnes de tous milieux confondus qui sont prêts à agir afin de trouver les solutions aux problèmes auxquels la forêt de Chantilly fait face aujourd’hui.

La Forêt de Chantilly à soigner et à imaginer

Les dérèglements climatiques s’installent et le dépérissement des arbres s’accélère ; les diagnostics sont posés et il faut maintenant tenter de dessiner les perspectives de la Forêt sur l’horizon 2050. L’analyse terrain, les contraintes, les réflexions sociétales et économiques, tout doit mener vers des actions. Anticiper et accompagner mais aussi choisir. Quelle Forêt voulons-nous et pourrons-nous avoir ?

Durant l’automne 2023, l’Institut de France, en tant que propriétaire, a organisé plusieurs journées de colloque avec tous les acteurs engagés dans la problématique : le gestionnaire l’ONF, les experts scientifiques, le Parc Naturel Régional Oise-Pays de France très mobilisé car la Forêt de Chantilly est au cœur du territoire, et évidemment le désormais bien connu Collectif « Ensemble, Sauvons la Forêt de Chantilly » (il a fait l’objet de nombreux reportages et articles…). Au programme, partage des connaissances et débats d’idées pour dessiner des voies d’action qui prennent également en compte la dimension de patrimoine historique ainsi que les spécificités de la région : la chasse, le cheval, la proximité́ avec la région parisienne…

La Forêt de Chantilly dépositaire des valeurs du Duc d'Aumale

Lorsque le Duc d’Aumale a cédé sous forme de leg indissociable la Forêt et le Château à l’Institut de France, c’est bien-sûr dans une logique de transmission patrimoniale pérenne, à l’abri des fluctuations politiques. Mais cette personnalité militaire et politique charismatique qui a marqué notre région de son empreinte a pu aussi donner la preuve de qualités d’entrepreneur ; audace, réactivité et pragmatisme. Qu’aurait-il décidé face à une Forêt malade et menacée ? A la lumière de ce que l’on sait de la personnalité du Duc d’Aumale, on peut aisément imaginer qu’il aurait mis en œuvre toutes les ressources, toutes les technologies, pour s’adapter au mieux à la réalité des choses. D’un point de vue forestier comme économique, car le Duc d’Aumale avait bâti une situation qui visait à l’équilibre financier.

En conséquence, il est impératif aujourd’hui pour être fidèle à cet héritage de trouver des solutions curatives ainsi que de nouveaux équilibres entre agrément et rentabilité́. L’Institut de France, dans un principe de transparence a choisi de partager les connaissances comme les inquiétudes avec le grand public et les acteurs locaux. La meilleure façon de mobiliser des moyens, de l’intelligence et des énergies.

Des données scientifiques abondantes qu'il faut pouvoir traiter

L’ensemble du temps offert par les membres du Collectif représente ainsi 1800 journées, passées à compter, répertorier, prélever (en 2024 le programme sera tout aussi varié, avec le suivi des nouvelles plantations, des actions de lutte contre les plantes invasives, la surveillance des envols de hannetons…). Ces précieuses données collectées sont parties directement à l’INRAE pour une analyse fine. En parallèle de ces études terrain, les cartographies obtenues grâce à la technologie du laser embarqué, Le LIDAR, permettent de visualiser jusqu’à 1000 arbres par hectare avec une grande précision d’information sur la topographie comme sur la canopée. On sait donc que la hauteur moyenne des arbres de notre Forêt est de 27 mètres mais le but de la manœuvre est évidemment de suivre attentivement l’évolution de leur état de santé.

Depuis 200 ans, l’ONF a mené une série de plans d’aménagement en Forêt de Chantilly, mais aujourd’hui, compte tenu de la situation inédite et des incertitudes, on est passé à un plan de crise qui s’annonce comme celui de tous les défis.

La Forêt actuelle est exploitée en sylviculture mélangée à couvert continu, ce qui correspond à une exploitation douce qui préserve les paysages et est donc acceptable pour les promeneurs. La variété d’arbres est en augmentation, le chêne ne règne plus en majesté, 30 % de ses populations sont malades. On ne peut continuer à planter à tout prix, les forestiers voient arriver pour la fin du siècle une Forêt mosaïque avec des zones de landes ou de steppes. Désormais la question se pose des débouchés pour de nouvelles espèces (le robinier ou faux-acacia notamment). Une réflexion globale stratégique doit porter sur toutes les activités commerciales autour du bois, et de la fréquentation de la Forêt.

Une Forêt multifonctionnelle qui doit le rester

Les revenus liés à la vente de bois seront inévitablement impactés par la dégradation des arbres et des chênes en particulier. Comment respecter la biodiversité et quelles essences exploiter ? Les chercheurs de l’INRAE vont apporter des éléments de réponse au travers des études génétiques qui détermineront les espèces les mieux adaptées.

D’un point de vue touristique, il apparaît clairement que le Château de Chantilly attire plus la lumière et les investisseurs que la Forêt. Néanmoins, avec une fréquentation toujours plus importante, elle détient un potentiel touristique incontestable. Développer une offre commerciale dédiée tel est l’objectif des années futures car hors Sylviculture, les sources de revenus sont très limitées.

La Forêt-loisirs demande des investissements, il y a des règles et des bonnes pratiques à enseigner, des équipements à définir, de la surveillance et des assurances à prévoir…
Autant d’axes à investiguer pour une Forêt en phase avec son temps et son environnement et qui continue d’assurer ses fonctions fondamentales en termes d’écologie, de bien-être et de santé publique.

Plus d’informations sur le site du Château de Chantilly : https://chateaudechantilly.fr/la-foret/ensemble-sauvons-la-foret-de-chantilly/

Actualité publiée le mercredi 07 février 2024